Carte postale du chemin de Compostelle : Conques à Lectoure 2016

 

 

Je suis souvent partie en randonnée, et je reviens toujours de ces vacances en plein air revigorée. Ça marche à tout coup, et je ne croyais surtout pas ceux qui me disaient que le chemin de Compostelle c’est autre chose, qu’on en revient changé.

 

En fait, j’entreprenais la route de St-Jacques avec la crainte de rencontrer la Révélation. J’étais déterminée à prendre mes jambes à mon cou et fuir toute tentative d’évangélisation. J’allais marcher.

 

Je suis partie avec ma cousine Marie-Claude qui avait jadis fait le segment Puy-en-Velay à Conques. Notre projet : 272 kilomètres en 12 jours, notre plus longue journée sera de 27 kilomètres.

 

Curieusement, dès les premiers jours de solitude, Brassens s’est imposé dans mon univers, une chanson à la fois.

 

Arrivée

 

Conques est le plus joli village médiéval qu’il m’ait été donné de voir. J’ai négligé de me procurer un credential avant de partir puisqu’on m’avait assuré qu’on en trouvait partout. J’ai dû faire le tour de Conques avant de comprendre que l’abbaye le délivrait mais qu’il me serait remis lors d’une cérémonie religieuse, la messe des pèlerins qui aura lieu à 20h30 le soir même.

 

Sceptiques mais excitées, nous avons avalé saucisses de porc et aligo (purée de pommes de terre, ail et fromage) en précipitation pour ne pas rater la messe. Je me revois encore remontant l’allée pour aller prendre des mains du moine mon précieux calepin. J’étais la seule à recevoir mon calepin de pèlerine ce soir-là. J’étais intimidée.

 

Jour 1 : ConquesLivinhac

 

Shiiiittttttt !!!! Jour 1, et c’est le bagagiste qui nous réveille ! Mauvaise nuit après une si jolie cérémonie religieuse. Je vais le dire une seule fois, mais imaginez que le phénomène se reproduira nuit après nuit : MC et moi ronflons, mais pas aux mêmes heures.

 

Aujourd’hui les 6 premiers km montent comme dans la face d’un singe, les prêtres s’en amusaient hier tandis qu’ils bénissaient les pèlerins.

 

Petit dej’ full viennoiseries. On doit encore planifier le lunch. Tout va bien.

 

Commentaire Facebook au bout du premier kilomètre : « Km 1 : 45 minutes. 24 autres km à marcher dans la journée, on va y arriver ! »

 

Première journée, MC et moi apprenons à marcher ensemble et nous apprivoisons les balises.

 

 

Jour 2 : LivinhacFigeac

 

Jour 2, près de 50 km dans les pattes sur un terrain plus escarpé que j’avais cru, je me pose. Marie-Claude a mal aux pieds, moi aussi, mais plus que moi, on dirait. J’appréhende le troisième jour de marche, je subis toujours une baisse d’énergie importante jour 3.

 

Sur le chemin (extrêmement bien balisé) l’atmosphère est fraternelle. On a marché avec des gens rencontrés au gite hier, et on a croisé notre première québécoise.

 

Nous sommes arrivées vers 16 h, épuisées. Après une douche, j’ai commencé à travailler un roman que je me suis promis de compléter d’ici le 17 juin. Je porterai dans mon sac un texte de 188 pages, un roman à revoir, la folle idée de participer à un concours littéraire.

 

À la fin de la journée, Marie-Claude a dû s’acheter une nouvelle paire de chaussures pour continuer le chemin, elle ne supporte plus les douleurs aux orteils, ni ses nouvelles ampoules. De mon côté, je ressens des douleurs normales compte tenu que mes bottes avaient 9 kilomètres d’usure avant la randonnée.

 

Jour 3 : FigeacUssac

 

Jour 3. LE fameux jour 3. On a 7km de fait, tout va bien, le sentier est splendide aujourd’hui. Je trouve mon rythme, et c’est Brassens qui m’a accompagné ce matin en me murmurant à l’oreille des idées : aller vers la mort en flânant en chemin. Flâner avant de devenir vieille, avant de passer date. Alors ce matin, je flâne en admirant chaque coquelicot.

 

Ce soir nous dormirons dans une magnifique maison de ferme, où il y a des cochons, des brebis, et les 2 km pour se rendre étaient magiques. 25 km jour 3, c’était plutôt long.

 

Aujourd’hui, comme j’ai flâné, ça a été plus long. Parties à 8:30, arrivées à 16:30, avec une demi-heure de lunch et 2-3 petits arrêts. C’est long. Normalement, on aurait pu couper une heure. Mais le flanâge valait le coup.

 

C’est à Faycelles, le long de la voie romaine que m’est revenue comme un vers d’oreille la chanson de Bassens :

 

 

Jugeant qu’il n’y a pas péril en la demeure,

Allons vers l’autre monde en flânant en chemin

Car, à forcer l’allure, il arrive qu’on meure

Pour des idé’s n’ayant plus cours le lendemain.

Or, s’il est une chose amère, désolante,

En rendant l’âme à Dieu, c’est bien de constater

Qu’on a fait fausse rout’, qu’on s’est trompé d’idé’,

Mourons pour des idées, d’accord, mais de mort lente,

D’accord, mais de mort lente

Mourir pour des idées

 

 

C’était un appel au flânage. J’éprouvais tout-à-coup le besoin de ralentir. De ne plus me précipiter. De ne plus avoir peur de manquer de temps. J’allais goûter chaque moment désormais. C’est très facile à faire sur le chemin, plus difficile au quotidien. Avec Marie-Claude, le rythme s’installe : nous marchons un peu ensemble, je la dépasse, puis je m’arrête pour alimenter notre groupe Facebook, lire mes mails, elle me dépasse. Et nous nous retrouvons pour manger.

 

Jour 4 : UssacLimogne en Quercy

 

7 h du matin, on traine au lit. Mais pas pour longtemps. J’ai eu une question hier: combien de temps ça nous prend pour faire 25 k. Eh bien, un bon rythme est environ de 4km/h étant donné l’état du terrain. Les villages sont nichés au creux des montagnes. On descend donc à chaque village et on remonte. Parfois par la route, parfois par des chemins dans les bois ou les champs. Le paysage est magnifique et hier on a fait les 3derniers km dans une forêt enchantée. Le paysage nous fait oublier le temps et les raideurs, parce que marcher 25 km à 4km/h est beaucoup plus exigeant qu’un 25 km sur le plat où on pourrait facilement faire du 7km/h.

 

Aujourd’hui, jour 4, « normalement », ça devrait aller mieux.

 

Qui est guidé par une étoile ne regarde jamais en arrière

 

Je l’ai dit, j’avais peur de rencontrer la grande Révélation sur le chemin. Mais on m’a rassurée : elle ne s’y trouve pas. Par contre, on nous a dit que le chemin était parsemé de petits miracles. Et j’en ai vécu un hier. Mardi soir, j’ai reçu une nouvelle vraiment bof concernant un de mes projets. Et le lendemain, après une marche dans un sentier enchanté, sur la porte de notre chambre, cette citation : « qui est guidé par une étoile ne regarde jamais en arrière ».

 

On vient sur le chemin parce qu’on a des questions. Le message était clair : on ne regarde pas en arrière, on va de l’avant. Mais le plus frappant, c’est que ce clin d’œil était signé Leonard De Vinci. Ces mots avaient été écrits à mon intention, il y a plus d’un demi-millénaire, de sa main gauche, d’une écriture lisible seulement à l’aide d’un miroir.

 

Le texte de 188 pages que je transportais reprenait des pans de la vie de Léonard pour justifier une fiction.

 

En repartant d’Ussac, on a croisé Cajarc, et c’est en sortant du village que j’ai manqué une indication. Un kilomètre et demi plus loin, après avoir croisé le seul bouquet de pivoines de tout le chemin (ça c’était Marcelle – feu ma mère, Dieu ait son âme – qui me faisait un clin d’œil), j’ai dû rebrousser chemin. Marie-Claude était devant, il m’a fallu du temps pour rattraper ce 3 km. C’est là que j’ai rencontré Serge qui nous a ensuite suivi pendant plusieurs jours, modulant nos incompatibilités de rythme à MC et moi.

 

 

Jour 5 : Limogne en QuercyLalbenque

 

 

Jour 5, les pieds tiennent le coup. Ce soir encore nous avons rendez-vous chez l’habitant. C’est un mini-circuit dans le circuit : 3 soirs en chambre d’hôte plutôt qu’en hôtel. 2 soirs de saucisse de cochon local (pas moi qui va s’en plaindre) et j’ai gouté à la liqueur de prune : un délice (à 48% d’alcool). On repart !

 

Ce fut encore une belle journée légère. Avec notre nouvel ami, j’ai fait étalage de ma culture française – avec un succès mitigé :

 

Quand Margot dégrafait son corsage

Pour donner la gougoutte à son chat,

Tous les gars, tous les gars du village,

Étaient là, la la la la la…

Mais les autr’s femmes de la commune,

Privé’s d’leurs époux, d’leurs galants,

Accumulèrent la rancune, patiemment…..

Puis un jour, ivres de colère,

Elles s’armèrent de bâtons

Et, farouch’s, elles immolèrent le chaton

…..

Brave Margot

 

 

À Lalbenque, je trouve un gîte calme, des animaux calmes. La propriétaire me confirme que beaucoup ressentent le calme du gîte. Elle me parle d’un autre établissement bâti sur un champs de bataille. Il semble que ceux qui dorment dans ce gîte font des cauchemars.

 

 

Jour 6 : Lalbenque Cahors

 

Jour 6. Première moitié du parcourt complété. Il a fait 28 degrés aujourd’hui, lourd et inconfortable. Nous devions marcher 24 km, mais Marie-Claude préférait visiter Cahors. Notre hôte nous a conduit moi à 6 km rejoindre d’autres marcheurs, et MC à Cahors. Je me suis épargné 6 km, heureusement, car c’était désagréable comme marche : plein soleil, aucun point de ravitaillement.

 

Demain, pluie, 15 degrés et 25 km. À suivre, mais les pattes et surtout les pieds se portent de mieux en mieux

 

Nous avons été paresseuses, nous avons tout réservé d’avance avec un bagagiste. Oui, on croise beaucoup de marcheurs, souvent les mêmes qu’on perd de vue, puis qu’on retrouve plus tard. C’est vraiment sympa. C’était une journée toute légère malgré le soleil, un peu venteuse.

 

 

Le chapeau de Mireille,

Quand en plein vol je l’ai rattrapé,

Entre Sète et Marseille,

Quel est l’bon vent qui l’avait chipé ?

Le chapeau de Mireille

 Jour 7 : CahorsLascabanes

 

Jour 7, 22 km sous la flotte. La sortie de Cahors était escarpée, ça ressemblait à Conques en moins long. Aujourd’hui le chemin montait et descendait inlassablement. Sous la pluie, c’était difficile, par contre on respirait beaucoup mieux qu’hier.

 

On a fait deux arrêts pour prendre un café avant de se dire qu’on n’y arriverait jamais à ce rythme-là. Au premier café, nous avons eu une démonstration marketing de premier ordre : dans un endroit où nous étions captifs, nous sommes tombés sur la dame la plus désagréable qui refusait de mélanger jambon et fromage dans les sandwichs. C’était un ou l’autre, à prendre ou à laisser. Son café n’était pas tellement bon, mais phoque, elle était SEULE au milieu de nulle part !

 

Rêvé toute la journée d’une douche chaude et d’une bière froide, la bière est froide et j’attends mon tour à la douche.

 

Demain, le soleil devrait revenir, et nous réchauffer tout le reste de la semaine.

 

C’est un monde, le chemin. Un monde tout à lui, comme nul autre, sur lequel veillent les fées et les lutins.  Ce ne sont ni Jésus, ni Dieu qui rodent sur le chemin, ce sont tous les autres : les elfes, les gnomes, tous ceux qui possèdent le pouvoir de créer la magie.

 

 

Jour 8 : LascabanesLauzerte

 

Jour 8. Une température qui me fait du bien : frais, venteux. Par contre, les chemins portent des traces de la pluie d’hier et la boue les rendent glissants. La route a été longue, en montée et en descente, mais mes pieds ont abdiqué. Ils ont compris que ça ne servait à rien de gémir.

 

Le chemin est fait de surprises. Ce matin j’ai eu un contact furtif avec une dame avec laquelle je sens que ce n’est que le début d’une collaboration. Le chemin est drôle. Il joue avec les destinés. Il est maitre et s’amuse à semer plein de poudre de perlimpinpin.

 

Ah oui !!! J’ai publié de dire : aujourd’hui on a usé de Montcu(q) vraiment à toutes les sauces, on l’a décliné de toutes les manières les plus honteuses, et on s’est bidonné.

 

 

Maudits soient ces enfants de leur mère patrie

Empalés une fois pour tout’s sur leur clocher,

Qui vous montrent leurs tours, leurs musé’s, leur mairie.

Vous font voir du pays natal jusqu’à loucher.

Qu’ils sortent de Paris, ou de Rome, ou de Sète,

Ou du diable vauvert, ou bien de Zanzibar,

Ou même de Montcuq, ou qu’ils s’en flattent, mazette,

Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part

Les imbécil’s heureux qui sont nés quelque part.

La ballade des gens qui sont nés quelque part

 

 

Jour 9 : LauzerteMoissac

 

Mal dormi, réfléchi une partie de la nuit au Chemin, comme si toutes les phrases creuses récitées à l’église prenaient leur sens : sur le chemin, tous les pèlerins croient aux petits miracles, et ils arrivent invariablement. Mais dans la vie, personne ne se donne la peine d’y croire, alors ils arrivent beaucoup plus difficilement. Pour moi, c’est ça, le mystère de la foi.

 

Aujourd’hui, 27 km jusqu’à Moissac. Belle journée ensoleillée.

 

Plus tard en fin de journée :

 

Je suis gênée de dire : j’ai « survécu » à une journée de 27 km ! Quand mon amie Estelle (aussi sur le chemin, mais plus au sud) s’en est tapée une de 40 km à un rythme d’athlète : 10 heures l’autre jour.

 

Mais 27 km sous le soleil avec beaucoup de bitume hier, c’était quelque chose. J’en ai eu pour 7 heures, ça a roulé, mais Dieu, que la bière était bonne !!

 

Visite dans un tout petit cimetière où j’apprends que les caveaux ne sont pas tous en surface, mais qu’ils peuvent être sous terre :

 

 

Mon caveau de famille, hélas ! n’est pas tout neuf.

Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf,

Et, d’ici que quelqu’un n’en sorte,

Il risque de se faire tard et je ne peux

Dire à ces braves gens « Poussez-vous donc un peu ! »

Place aux jeunes en quelque sorte.

Supplique pour être enterré à la plage de Sète

 

À partir de maintenant, c’est, comme on dit en entrainement « taper ». Il ne reste plus que des petites distances : 21, 18, 15 km. Et c’est le retour….

 

Il y a un tout petit trou dans notre planning de retour : pour passer de Lectoure à Toulouse, on doit prendre un bus et un train, or, il y a eu pénurie d’essence à la pompe et la SNCF menace de grève ou est en grève, je sais plus, c’est compliqué en France. Par mesure de précaution, ou peut-être que c’est une inspiration du chemin, je me suis inscrite sur blablacar.

 

Moissac est vraiment une bizarre de ville. Il y a un cloitre, des nonnes, du bruit, des rues principales longues comme l’ennui avec des kilomètres sans un seul bar. Et rien d’autre. Je me sens beaucoup mieux sur le chemin.

 

Il faut faire confiance au petit monde, celui des petits êtres qui fabriquent les miracles. Simple de même et bête de même. Ça m’aura juste pris plus d’un demi-siècle pour le comprendre. J’ai craint le prêcheur, voilà que je prêche !! Promis, j’arrête ça tout de suite.

 

Désormais, mes pieds ne se sentent bien que dans mes bottes et mes épaules chargées de mon sac.

 

Jour 9 et je n’ai pas envie que ça arrête.

 

Jour 10 : MoissacAuvillar

 

Marie-Claude est partie à droite pour rejoindre le canal, et j’ai pris à gauche pour retrouver Serge qui m’accompagnera sur la route escarpée. Chemin faisant, une voiture arrête à ma hauteur, et un homme que je n’ai jamais vu baisse la vitre et me dit :  « je vais donner un coup de main à l’autre canadienne qui n’est pas bien ». Comme je viens tout juste de laisser MC, j’ai une petite inquiétude avant de réaliser qu’il parlait d’une autre canadienne, Mélanie. C’est vraiment drôle le chemin. Et nous pèlerins, sommes vraiment une attraction. Sur la place centrale, un employé chargé de nettoyer les rues m’aborde et me complimente sur la musculature de mes jambes. Il est impressionné. Coudons.

 

Marie-Claude s’est acheté une cape de 10kg pour la pluie hier et on dirait que le ciel veut qu’elle étrenne, mais selon moi si on a de la pluie, ce sera plutôt du crachin.

 

La promenade qui longe le canal est magnifique.

 

À Pommevic, dans l’église construite au X!è siècle, nous avons découvert un ancien corbillard.

 

 

Le mort ne chantait pas : « Ah ! C’qu’on s’emmerde ici ! »

Il prenait son trépas à cœur, cette fois-ci,

Et les bonhomm’s chargés, de la l’vée du corps,

Ne chantaient pas non plus « Saint-Éloi bande encor’ ! »

Les quat’z’arts

C’est à Auvillar que MC et moi avons eu l’occasion de manger des artichauts autrement qu’en pot. On a eu droit à l’exposé de la pratique qui consiste à placer la petite cuiller sous l’assiette pour rassembler la vinaigrette. En fait, le plus compliqué, c’est rendu au cœur. Il faut enlever les poils. L’artichaut aussi est une attraction locale: s’amuser à regarder ceux qui n’en ont jamais mangé se débattre avec le truc.

Jour 11 : AuvillarMiradoux

 

Aujourd’hui : 18 km

 

Jour 11 déjà. Tout s’est passé trop vite.

 

Hier on avait le choix entre un petit 21 km facile en longeant le canal de la Garonne, ou prendre la variante. Marie-Claude a choisi le canal et moi la variante qui rallongeait de plus ou moins 2 km. Beaucoup de pentes brutes et boueuses. Mal m’en pris, la journée m’a semblé aussi difficile que celle du 27 km et elle se terminait sur une longue route plate asphaltée puis sur une montée à pic pour se rendre au village d’Auvillar. C’est …un petit bijou de village, quelqu’un m’a dit qu’il était en nomination pour le plus beau village de France, un concours annuel.

 

Hier, Marie-Claude a étrenné sa nouvelle cape gigantesque qui pèse 3 tonnes, on en a pris pour 10 minutes de crachin. Aujourd’hui nuageux, probabilité de devoir sortir la cape : 30%.

 

On dort à l’hôtel de l’horloge qui vient de sonner 7hr dans mes tympans.

 

Aujourd’hui : 18 km

 

C’est à St-Antoine que MC a voulu prendre une photo 2016 : 4 femmes attablées ensemble sur une terrasse, chacune contemplant son téléphone. Ce qu’on ne voit pas sur la photo, c’est Françoise qui chantonne :

 

Des bateaux j’en ai pris beaucoup,

Mais le seul qui ait tenu le coup,

Qui n’ait jamais viré de bord,

Mais viré de bord,

Naviguait en père peinard

Sur la grand-mare des canards

Et s’appl’aient Les Copains d’abord,

Les Copains d’abord

 

Les Copains d’abord

 

 

Jour 12 : MiradouxLectoure

 

C’est notre dernier jour, et on a une toute petite distance à parcourir, 15 km. MC aimerait voir le marché de Lectoure. Moi j’ai hâte de me poser. Je sens la fin du voyage, mais je sais que je vais devoir me repasser le film pour tout assimiler. Dès les premières journées j’avais pris le parti de vivre chaque seconde avec intensité, et je l’ai fait.

 

On arrive à Lectoure en passant devant un immense cimetière qui surplombe une vallée. Tout est vert, nous arrivons à temps pour sentir l’animation du marché, puis nous allons visiter la cathédrale, et là, quelque chose se passe. Je serais restée dans cette église. Mais MC était ressortie. Je l’ai suivie. Plus tard, j’ai trouvé un moment pour aller me réfugier de nouveau dans l’église. J’y suis restée plusieurs minutes à ressentir le calme de ce lieu de culte tout en me laissant bercer par la musique d’orgue qui jouait en sourdine. Vers 16h, je suis sortie. Une dame à l’entrée installait une table. C’est la première personne à mission d’évangélisation que je rencontrais, et je me suis assise avec elle. Une boule d’émotion est montée quand je lui ai dit ce que je ressentais dans ce lieu. Ses yeux se sont embués aussi, elle m’a touché le bras et m’a dit que les gens priaient en ce lieu depuis plus de 3,000 ans. C’était un lieu pieux gaulois, puis romain, puis chrétien.

 

MC a vu des plumes tout au long du chemin, des plumes qu’elle prétend être semées par son père (feu mon parrain, Dieu ait son âme). Je n’ai pas vu une traitre plume jusqu’à ce que MC me prenne le bras à Lectoure en s’écriant :  « t’as vu ?? ». Rien vu. Il y avait par terre 2 plumes, une grande et une petite qui pointaient dans la même direction : le bar où nous dirigions. Sacré Jean-Claude !!

 

En chemin, nous avons croisé multitudes de croix où des gens avaient laissé des cailloux.

 

Je reviens dubitative. Le chemin a déployé ses atouts. Je comprends que le Chemin nous fait cadeau de ce dont on a besoin, mais aussi de ce qu’on est prêt à recevoir.

 

Je reprendrai la route de Compostelle un jour. Pour le moment, je dois assimiler tout ce dont le chemin m‘a fait cadeau.

 

 

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