Mon tout premier salon du livre – Val d’Or 2015

 

Salon du livre d’Abitibi-Témiscaminque, édition 2015

 

7 novembre 2014, je reçois un appel d’un éditeur qui m’annonce désirer publier ma lettre à un enfant à naître.

 

Toute jeune, je savais que j’écrirais et que ça prendrait beaucoup de place dans ma vie. C’est en 1998 que nous avons acheté un premier ordinateur qui me condamnerait à écrire. Mon premier texte, je l’ai dégobillé tellement j’avais d’émotions à restituer. Puis j’ai écrit quelques autres trucs dont je n’ai pas gardé copie.

 

C’est à l’aube de la cinquantaine que l’opportunité me fut offerte, et je l’ai saisie comme un cadeau de la vie. J’allais vivre l’expérience en me laissant aller au gré des événements, à quelques impatiences près.

 

22 mai 2015, 6 mois plus tard, le livre est prêt à être lancé, j’ai fait développer un site web pour porter mes projets créatifs. Je venais de vivre 6 mois d’inconnu, d’anticipations, de gestation, de travail acharné pour que tout soit près en même temps, et force m’est d’admettre que j’ai sous-estimé l’effort requis pour finaliser mon site web.

 

Dans cet état d’esprit, je ne me méfie guère quand mon éditeur et l’organisation du salon du livre de Val d’Or se courriellent en tentant de trouver une remplaçante à une auteure dans le cadre d’une table ronde. Marcel dit « Madame Tremblay pourra bien faire l’affaire » et Franscesca de répondre « superbe !! » ou quelque chose du genre. Tout ce que je sais, c’est que finalement j’aurai droit à un cachet de $100 pour je ne sais trop quoi, n’ayant pas pris le temps de faire mes devoirs.

 

Dans ma vie de tous les jours, $100 brut, c’est comme genre quelques heures de travail. Quelques heures de travail, c’est intense ou c’est léger, mais jamais stressant. Je ne transpire jamais, même s’il fait très chaud.

 

P1020307Vendredi PM arrivée au salon du livre de Val d’Or : mon éditeur me montre tout ce que je dois savoir, sans mentionner l’achalandage excessif à l’intérieur de notre kiosque. Mais bon. Je suis là de 18hr à 20h30 avec un « lancement »  à 20h. C’est écrit gros de même que je vais lancer sur d’immenses écrans partout dans l’aréna qui accueille le salon.

 

18h – je souris, je parle aux gens, leur raconte mon livre, sans succès.

 

18h45 le chef de la direction financière d’Uniboard (mon employeur) se pointe au salon, prend des photos et me demande combien j’ai vendu de livres : zéro. Avec son charme légendaire, il me suggère de ne pas laisser ma « job de jour ». Il prend néanmoins une photo que j’aimerai toujours (ma toute première photo d’auteure en kiosque).image2 (2) Un peu plus tard, ma belle-famille se pointe. Ils sont heureux de me voir et moi de même. Il achètent mon livre, c’est bon pour le moral.

 

Entre-temps, j’apprends que l’activité « lancement » ne lèvera pas beaucoup. J’avise donc ma belle-famille de ne pas s’en faire pour revenir au kiosque pour 20h, ce sera tranquille.

 

20h : un monsieur se pointe à mon kiosque avec de gigantesques ballons qui prennent trop de place sur la minuscule table chambranlante et annonce mon « lancement ». Mon beauf’ Roger qui n’était pas avec les autres, se pointe. Roger une admiration sans bornes pour moi – il est devant, les gens le contournent et le monsieur aux ballons pose des questions, je n’ai presque plus de voix. Bref, je joue le jeu sans public – sauf Roger, le monsieur aux ballons  et la dame d’en face.

 

La dame d’en face vient me voir ensuite pour comprendre ce que j’ai dit – elle ne m’entendait pas. Je lui raconte, Jacques, machin. Elle m’achète un exemplaire. Son projet est de faire partager les livres dans la rue – c’est une bibliothèque de rue. Ils parlent de leurs auteurs. Je lui ai laissé ma carte personnelle qui réfère à mon (nouveau) site.

 

20h30 – fermeture, avec ma belle-famille, nous allons prendre un verre. Je suis projetée hors de mon monde, mais heureuse de ce premier moment de vie d’auteure.

 

Samedi matin, l’organisation du salon organise une visite à la mine Malartic (pour auteurs seulement). Je fais partie d’une classe à part. Je suis privilégiée. J’ai au cou une cocarde sur laquelle il est inscrit « Louise Tremblay, auteure ». Fuck, man !! C’est pas rien!!

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Kiosque de midi à 14h. Mon éditeur partage le kiosque avec un autre éditeur qui n’a qu’un auteur avec lui. Mon éditeur en a pléthores, et il veut tous les faire bien paraître – quasi en même temps. Ce qui fait qu’on est toujours très nombreux de notre côté et qu’il n’est pas approprié d’empiéter sur le carré des autres. C’est fou et génial à la fois. Quand il y a trop de monde, je me réfugie au salon des auteurs, endroit accueillant où j’ai fait de nombreuses rencontres sympathiques.

 

16h22 : ma belle-sœur Rita et son amie Dominique se pointent au salon pour acheter mon livre – dédicacé. Rita est mille fois meilleure que moi pour les dédicaces et les mots qui viennent tout seuls. Moi je n’y arrive pas. Et ma fameuse table ronde est à 16h30.

 

16h24 : Je « spote » l’animatrice, me dirige vers elle, lui tend la patte et arrive à prononcer mon nom.DSC01848 Ça va. Elle m’annonce qu’elle a eu bien peu de temps pour feuilleter mon livre et se faire une tête. Nous parlons un peu, elle me regarde par-dessus ses lunettes et demande si je sais ce que c’est de la « chick-lit ». J’ai entendu l’expression, mais pour gagner du temps, je lui fait signe que non, pour qu’elle continue de parler. L’activité qui doit commencer à 16h30 commence probablement à 16h30. Je suis en compagnie de deux immenses auteures, qui ont publié plein de livres, qui ont de la jasette comme c’est pas possible : Amélie Dubois et Nathalie Roy. Je vois tout le temps leurs livres quand je vais en librairie, mais je n’ai pas pensé – ou voulu – ou pris le temps de  – googler avant le salon.

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Elles sont immenses dans leur genre. Je ne pourrai jamais faire bonne figure. Mais je m’étais promis de vivre ce moment-là avec toute l’intensité permise, j’étais servie. Il m’a fallu quitter en vitesse suite à cet entretien parce que j’avais un rendez-vous, donc, exit salon du livre.

Dimanche matin, brunch pour tous les participants au salon, auteurs, bénévoles, organisateurs, etc. C’est vaste. C’est grand et c’est bon. J’ai de nouveaux amis pour la vie, Raymonde et Fred. Lina et Raymond aussi, mais ils sont un poil dérangés par notre surpeuplement, vu que ce sont eux qui partagent notre kiosque. On parle de mon expérience de la veille. Mes nouveaux amis se montrent déçus que j’aie eu moins d’attention que les deux autres, et me racontent quelques-unes de leurs expériences difficiles en promotion. L’amitié, même quand c’est neuf, c’est toujours magique.

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c’est au tour de Fred de « lancer » un livreon a changé les balons pour une « calleuse »

Dimanche, je n’ai pas d’heure prévu en kiosque, mais je me rends pour régler quelques trucs. D’abord, je n’ai pas fait le tour du salon encore. Puis j’ai promis d’acheter le livre d’une voyageuse rencontrée au salon des auteurs, Puis J’aimerais serrer la patte pour de vrai aux filles qui ont partagé la scene avec moi. Et … je coure après mon cachet qui aurait dû être dans mon enveloppe mais qui n’y était pas.

Je me rends au kiosque de Nathalie Roy pour lui acheter un livre parce que je suis maintenant curieuse de découvrir le monde des « chick-lit ». On parle un peu et elle me souhaite tous ses vœux de succès. Je veux aussi voir Amélie, mais elle a quitté son kiosque. Lassée, je quitte le salon pour aller prendre une bière au salon des auteurs, et les deux filles sont là, on s’assoit ensemble et on jase. Les filles parlent de cachet, timing de lancement. Rien à voir avec l’idéal de création. Wal-Mart, Costco sont nommés, c’est du chick-$$-lit. C’est une business. La fille au background commercial en moi apprécie mais mesure néanmoins l’écart entre ces deux auteures à succès et les autres. Ça touche un truc que je peux pas nommer, incapable à ce jour de le circonscrire.

Il y a une toute petite dame, Micheline, à qui j’ai raconté mon livre vendredi soir. Elle est venue l’acheter juste avant que je me sauve samedi. Je n’ai pas signé son livre. Elle en est attristée. Elle retourne au kiosque, mais j’ai quitté. Raymonde lui suggère de revenir dimanche car j’y serai sûrement. Dimanche, je laisse mes trucs au kiosque, et m’apprête à quitter quand j’entends une voix: « Louise ». c’est Micheline qui est revenue, je dois dédicacer son livre. Ce que je m’empresse de faire avec plaisir. Micheline promet de demander à sa bibliothèque de commander mon livre. Et à toutes les bibliothèques de la terre également.

Mais l’empathie, celui qui en a démontré le plus, c’est le beau Maxime Landry. C’était dimanche tard – genre 16h moins des poils, le salon allait clôturer, tout le monde était claqué, j’avais envie de brailler toutes les larmes de mon corps parce que c’est pas tous les jours qu’on lance un premier livre dans une ambiance hyper festive mais avec si peu d’attention. Je me suis dépêchée au kiosque de Maxime et lui ai déclaré que moi aussi j’en étais à mon premier livre. Il m’a regardée intéressé de ses grands yeux verts, et m’a encouragée à poursuivre. Bon, okay, j’ai acheté son livre et il n’a pas acheté le mien. Mais bon, c’est lui la vedette.

Lundi, mon weekend est terminé. Pour un premier livre, en incluant la famille et les collègues, j’ai vendu une 20 aine de livres. Au bureau aujourd’hui, le directeur des RH s’est mis en frais de me promouvoir, il en a vendu 9 et s’est assuré que toutes les promesses faites se concrétisent.

Chez Renaud-Bray, en librairie,  il y a un exemplaire à Trois-Rivières, un autre à Laval.

Et, dans une semaine, c’est mon vrai lancement. Mon party. Heureusement, j’ai encore un peu d’énergie en réserve.

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